Le 6 octobre 2024 27e dimanche du temps ordinaire, année B – Mc 10, 2-16
Le phénomène vivre en solo prend de l’ampleur au Québec et au Canada, une tendance à la hausse depuis plusieurs années. Les raisons de ce phénomène sont multiples : éclatement des familles, effritement des réseaux de sociabilité au travail et dans les communautés, hausse du célibat et des séparations chez les 50 ans et plus, modèle culturel d’indépendance au Québec. Ce mode de vie comme plusieurs autres et parmi eux peut être bénéfique en certains aspects et poser des défis en d’autres.
Apparemment opposé au vivre en solo par la formule « il n’est pas bon que l’homme soit seul », explorons le vivre en couple sur lequel sont braqués les projecteurs ce dimanche. La question qui nous guide est de savoir dans quelles conditions ce vivre en couple est possible et satisfaisant. Signalons avant d’en dire plus la délicatesse du sujet pour cette forme qu’on dirait la plus délicate des relations humaines par la grande proximité exclusive en couple. Notons aussi le contexte ecclésial et le contexte social dans lesquels ce sujet s’inscrit, en pensant aux séparations et à d’autres unions.
Dans un premier temps, nous pouvons souscrire à la description du vivre en couple dans le récit de la Genèse et au renfort que Jésus y apporte dans l’Évangile. Ici et là, nous voyons un homme quitter son père et sa mère, s’attacher à une femme et tous deux former ensemble une chair inséparable. Différemment, le vivre en couple est supposé n’avoir pas lieu et non satisfaisant. Peut-être n’y en a-t-il jamais eu dans des cas où l’homme n’a jamais quitté son père et sa mère tout en vivant avec sa femme et où il n’y a pas eu de véritable partenariat. Ce non-lieu du partenariat véritable ne devant pas être pallié par la fusion, qu’il y ait alors pour le couple « unité sans confusion et distinction sans séparation ».
En deuxième lieu, voyons ce couple qui se forme et se développe efficacement en venant vers Jésus comme les enfants, contrairement aux pharisiens qui mettent à l’épreuve ainsi qu’aux disciples qui érigent des barrières. Comme l’expérience d’humilité de Jésus mort et ressuscité pour tous par la grâce de Dieu, cette venue sert de troisième pôle de référence permettant au couple d’exister en étant reconnu et de transcender toute approche binaire qui le confronterait à lui-même. Cette référence au troisième pôle tient lieu aussi de bénédiction divine pour le couple, bénédiction qui rejaillit sur son vécu notamment par ses attitudes d’accueil mutuel, accueil des enfants ainsi que par le dépassement de soi sous diverses formes pour l’accomplissement de chaque partenaire.
Terminons par l’ouverture à une troisième possibilité d’aborder le vivre en couple, son non-lieu ainsi que son succès ou non. Cette troisième possibilité tient aux expériences concrètes de tant de femmes et d’hommes en couple vus comme les mieux placés pour en parler, en encourager ou en décourager la pratique et qui interpellent les disciples de Jésus. Puisse l’Église cheminer avec les couples à la suite de Jésus et se montrer de plus en plus solidaire de leurs peines et de leurs joies.
Sadiki Kambale Kyavumba, assomptionniste
« Croire à l’Impossible ! »