Le 16 juin 2024 11e dimanche du temps ordinaire, année B – Mc 4, 26-34
Lectures du jour
L’évangile de ce jour nous présente deux paraboles du Royaume de Dieu tirées du monde agricole : la semence qui pousse toute seule de jour et de nuit et celle de la graine de moutarde, la plus petite des semences qui devient un arbre où les oiseaux peuvent se réfugier. Les auditeurs de Jésus, les galiléens du bord du lac, comprendront ces images sans difficulté. Mais comment parler du Royaume de Dieu et faire comprendre le rêve de Dieu pour l’humanité sans un peu de poésie ?
La semence qui pousse toute seule d’abord. Vous avez peut-être habité la campagne ou bien vous pouvez observer ces temps-ci les gens qui s’activent au jardin communautaire sous vos yeux. Vous conviendrez que tout cela ne pousse pas tout seul et qu’il faut travailler activement pour la réussite d’un jardin ou d’un champ de blé. Au contraire, laissé en friche, un champ ne produit que des ronces. Alors que veut dire Jésus par cette parabole ?
Le rêve de Dieu pour un monde d’harmonie et de paix semble bien loin de la réalité et on pourrait penser que Dieu a manqué son coup. L’homme est-il meilleur aujourd’hui qu’il y a 2000 ans ? Y a-t-il moins de guerres aujourd’hui que dans les siècles passés ? Y a-t-il moins de pauvres aujourd’hui qu’hier ? La triste réalité de nos bulletins de nouvelles est en soi une réponse à la question. C’est comme si la semence jetée en terre ne lèverait jamais. Et pourtant…
Dieu est Dieu et il ne saurait nous mentir : son Royaume adviendra et nous surprendra. Il est déjà à l’œuvre à chaque fois que nous nous épanchons sur la détresse de notre prochain par générosité, par solidarité. Même dans le monde postchrétien dans lequel nous vivons, la campagne d’Enfant-Soleil rapporte beaucoup d’argent. Après les inondations de Baie St-Paul l’an dernier, on a vu des gens s’entre-aider, se relever les manches pour aider ceux qui avaient tout perdu. Des gens retraités n’hésitent pas à se porter bénévoles au chevet des personnes en soins palliatifs. Vous avez été témoin d’une réconciliation entre des personnes qui ne se parlaient pas depuis très longtemps (pensons à Lucien Bouchard et Brian Mulroney après 30 ans, comme c’était touchant ce témoignage-là!). Maintenant, dites-moi que le Règne de Dieu n’existe pas vraiment.
Oui, il est déjà là, même petitement, tout comme la graine de moutarde jetée en terre. C’est sûrement la plus petite des graines pourtant destinée à produire en abondance. Vous avez déjà planté des carottes dans votre jardin ? C’est une minuscule graine et pourtant elle ne requiert pas d’effort particulier pour sortir de terre : un peu d’eau de temps en temps et un peu de soleil. Tout comme vos salades, elle vous surprendra et vous régalera. Le Royaume de Dieu, c’est comme cela.
Au temps de Jésus, combien de ses compatriotes sont devenus ses disciples ? Très peu. Pourtant, aujourd’hui, son message est connu de plus d’un milliard de personnes. L’Église qui semble en perte de vitesse ici est en pleine expansion ailleurs. Demandez à l’abbé Fortuné combien il y a d’ordinations chaque année dans son diocèse de Butembo, combien d’églises en construction, d’écoles catholiques, de religieuses travaillant dans des cliniques ou des hôpitaux. Ne restons pas le nez collé sur notre réalité toute proche et élargissons plutôt notre regard pour voir que le Règne de Dieu n’est pas si discret. Il progresse sans que nous ne sachions pas toujours où et comment.
L’évangéliste Marc écrit son évangile pour les chrétiens de Rome, une vingtaine d’années après le martyre de Pierre et de Paul dans cette ville, la capitale de l’Empire, où les persécutions sont en cours. Ces paraboles se veulent un encouragement pour les fidèles qui ont peine à voir le Règne de Dieu à l’œuvre. Il n’en est pas autrement pour nous. Derrière la morosité dans laquelle nous vivons sachons reconnaître les signes du Royaume qui vient. Nous ne doutons pas que le soleil brille derrière les nuages et qu’un coucher de soleil sur les Laurentides est promesse d’un jour nouveau où le Seigneur nous montrera encore à quel point il aime chacun d’entre nous et veut notre bonheur. AMEN
Père Gilles Blouin, assomptionniste