© Photopoésie, Jardins de l’Hermitage à Pontoise
Dans votre quartier, la municipalité a peut-être mis à disposition un terrain pour aménager un jardin communautaire. L’observation de son organisation peut être une mine d’enseignements : économiques, écologiques, sociétales. On y retrouvera des pros du jardinage mais aussi d’autres personnes attirées par la nouveauté, la solidarité ou l’aventure. Vous y rencontrerez un presque voisin à qui vous n’aviez jamais parlé, le marocain qui vient d’arriver dans le voisinage et qui vous parlera de son pays de soleil et vous y ferez bien d’autres découvertes.
Parce qu’on ne s’inscrit pas dans un jardin communautaire seulement pour cultiver des légumes, des salades ou de petits fruits. C’est un projet communautaire, ce qui implique interaction entre tous les participants. Si chacun a son petit carré de terre à cultiver, il est aussi solidaire des autres membres du projet. S’intéresser à la vie des gens avec qui nous nous plantons les mains dans la terre fait aussi partie du projet. Tiens, Ginette est partie en voyage, je vais arroser ses tomates. J’ai trop de concombres, puis-je en échanger quelques uns pour tes choux ? Des liens se tissent entre les personnes. Des conseils s’échangent. Des amitiés naissent. Les aliments, mais aussi la vie, ont bien meilleur goût…
J’en suis venu à penser que le jardin communautaire est une parabole de notre vie en Église. On y rencontre des gens venus d’horizons divers et qui ont un même souci, celui de mettre leur vie en perspective au pied du Seigneur ou de lui confier ce que porte leur cœur : la santé d’un tel, le succès scolaire d’un enfant, le regret d’une amitié perdue. Quelque part, il y a aussi un sentiment de solidarité, un appel à sortir de son petit monde ou, selon l’expression dans la Parole de Dieu, élargir l’espace de sa tente.
De plus. Il faut bien extirper de son jardin intérieur quelques mauvaises herbes : jalousie, rumeurs malsaines, moments d’impatience, convoitises de toutes sortes. Cultiver au contraire les fruits de la tolérance, la gratuité, la bienveillance, la générosité et bien d’autres vertus qui rendent le quotidien plus agréable et la vie en commun plus harmonieuse.
Je crois qu’en nous présentant les huit béatitudes, l’évangéliste Matthieu nous a fourni les semences nécessaires pour faire lever le jardin qui fera rêver tous les passants.
Père Gilles Blouin, assomptionniste et éditorialiste au Montmartre à Québec
LA JOIE DE DIEU QUI S’ENTEND