Il y a ceux et celles dans notre monde qui n’ont plus « l’oreille musicale » en matière de religion. C’est une pensée générée par Max Weber et qui m’amène à réfléchir, surtout en tenant compte du fait que, même les croyants, nous éprouvons de temps en temps des moments de surdité spirituelle. Cette pensée m’habite particulièrement en ces jours où nous nous préparons à célébrer Pâques, fête de la Résurrection du Christ.
La Résurrection nous rappelle que notre vie est passagère, que nous sommes des êtres de finitude. Et pourtant, c’est cette même fête qui souligne aussi que cette vie, bien que limitée, n’est pas un accident de parcours, pas une absurdité, pas une chute progressive vers le néant, pas une antichambre ou une salle d’attente de la vie à venir, mais le commencement d’une vie qui ne s’éteindra jamais.
Pour mieux comprendre la fête de Pâques, je me permets de citer quelques lignes de Anselm Grün, puisées dans son récent livre « Pourquoi je reste dans l’Église », publié aux Éditions Salvator : « Chaque individu porte en lui le désir de quelque chose de plus grand que lui. » J’ajouterais que chaque individu porte en lui le désir de rencontrer quelqu’un qui ferait découvrir des grandeurs et des profondeurs inattendues.
Porter le désir de plus grand que soi! Ce désir nous décentre de nous-mêmes tout en nous ouvrant à l’autre. Nous sommes créés par amour et pour l’amour ; pour être en relation, car nous sommes RELATION. En fin de compte, nous sommes invités à réaliser que nous sommes un don pour autrui. Comme Dieu, nous sommes un DON.
C’est précisément cela que la fête de Pâques nous révèle.
La fête de Pâques nous rappelle que la rupture des relations n’est pas naturelle. Ce qui nous est naturel, ce sont des relations durables, des relations qui se transforment, mais qui ne meurent jamais. La rupture de relations s’avère intimement une mort! Puissions-nous comprendre que nous sommes créés pour l’amour, lequel, dit saint Paul, ne passera jamais.
Cet amour révélé en Jésus-Christ traverse les incompréhensions, les malentendus, les complots, les trahisons, les souffrances et même la mort. Il est bafoué, défiguré et meurtri, mais il ne meurt jamais. Cet amour respire la vie et nous fait respirer la vie et l’intimité de Dieu. Cette respiration, enracinée dans le don et accomplie dans le don ne peut qu’inspirer l’espérance. Espérer contre toute espérance!
Dieu est notre intimité … et c’est naturel de respirer Dieu … Alors, on ressuscite ou plutôt on vit l’accomplissement et la plénitude de la vie. Contemplons cette plénitude; osons espérer et vivre cette plénitude! C’est cela la fête de Pâques!
Joyeuse fête de Pâques à toutes et à tous!!!
Édouard Shatov, Éditorialiste au Montmartre à Québec