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JE ME SOUVIENS ET JE CROIS

© Alexandre De Sève, Je me souviens

Le 3 mars 2024 3e dimanche du carême, année B – Jn 2, 13-25
Lectures du jour

Bien des habitants du Québec connaissent par cœur cette courte phrase qui est la devise de la province : « Je me souviens ». Indépendamment des raisons pour lesquelles la devise du Québec a été ainsi formulée, la parole de Dieu entendue en ce troisième dimanche du temps de carême lui fait écho à travers ses mentions du souvenir. Mais elle va tellement loin qu’elle conduit à envisager un lien entre le souvenir et la foi, en l’occurrence la foi en Dieu.

Plus d’une fois, l’évangile mentionne le souvenir des disciples de Jésus. Témoins des gestes et des paroles de Jésus, les disciples se rappellent un passage des Écritures et, par leur souvenir, en perçoivent l’accomplissement en Jésus. Quant aux autres qui rencontrent Jésus lors de la Pâque, ses signes suscitent en eux la foi. Plus tard, quand advient la résurrection de Jésus, elle éveille non seulement la mémoire mais aussi la foi des disciples.

Les parcours des disciples de Jésus et des gens qui l’ont rencontré à Jérusalem attestent que le fait d’être auditeurs de la parole de Jésus et témoins de son agir ouvre à la compréhension des Écritures et rend possible l’assentiment à Dieu et à la bonne nouvelle de son Royaume qui se réalise ici et maintenant par Jésus le Christ.

Ces différents parcours rappellent quelques dimensions fondamentales de notre foi en Dieu – la foi des chrétiennes et des chrétiens. Ils signalent que la foi est un acte d’assentiment et de confiance en quelqu’un. Croire c’est faire confiance en Jésus, s’engager à sa suite et reconnaître en sa présence, sa parole et son action l’accomplissement du Royaume de Dieu. Cet acte de croire relève de la « grâce » ou de l’appel de Dieu entendu dans l’annonce de l’Évangile. Tout en relevant de l’appel de Dieu, l’acte de croire n’échappe pas à l’intelligence. Car l’appel s’adresse à notre intelligence et à notre volonté. Autant dire que l’exercice de la raison est partie intégrante de l’acte de croire. C’est ce que signalent les mentions du souvenir : le travail de mémoire qui appuie l’assentiment du croyant est un exercice de l’intelligence.

La première lecture qui, elle aussi, revient sur la remémoration (« souviens-toi ») indique une autre dimension de la foi : celle de l’engagement dans une manière de vivre. Croire c’est en effet s’engager à vivre d’une certaine façon. Ce qu’on appelle couramment les « commandements » se donnent comme autant de repères pour une vie de foi qui aspire à l’authenticité. Ils ont pour but d’établir, d’orienter et de maintenir la relation de Dieu avec les humains et celle des humains entre eux.

On peut ainsi dire avec Joseph Moingt (un jésuite français d’heureuse mémoire) que « la foi n’est donc pas une simple opinion, elle suppose une conviction dûment réfléchie, elle est un engagement délibéré dans un certain style de vie ».

Quels souvenirs soutiennent notre détermination à demeurer croyant.e.s ?

Pacifique Kambale, assomptionniste