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LE TEMPS DES SIGNES

© Pantchoa

BILLET ÉDITORIAL, dimanche 17.12.2023
Monique Lortie, MA phi

Cette semaine, j’ai lu quelques pages du philosophe Alain et bien entendu, j’en ai été colorée.

On ne s’étonnera pas de retrouver ici la tonalité propre au philosophe français qui ne me déçoit jamais.

Alain, parlant du temps des Fêtes, nous réveille quand il dit que tous ces souhaits, et tous ces vœux, floraison de décembre et de janvier, ne sont « que des signes » après tout.

Des signes, soit, mais des signes qui importent beaucoup. Le feu vert à la croisée de deux routes est un signe que l’on a la permission de continuer notre chemin, alors que le feu rouge, à son tour, est aussi un signe, signe qu’il est interdit, voire dangereux de poursuivre notre élan.

Dans les temps plus naïfs, les nuages noirs au départ d’un voyage étaient lus comme un signe que le voyage sera pénible, comme aussi de la pluie le jour de ton mariage était lu comme un signe que tout ne se passera pas, dans ta vie conjugale, comme souhaité.

Bien sûr, nous ne sommes plus aussi naïfs, mais nous ne serons jamais guéris de ceci, écrit Alain, qui est de nous demander si nos semblables ont une opinion et laquelle, « parce que dès qu’elle est signifiée, cette opinion change profondément la nôtre ».

La figure raide et fermée de mon patron, de mon voisin ou de ma belle-sœur change aussitôt la mienne sans que j’en sache le pourquoi. Ces figures agressives sont pour moi comme des prophètes de malheur. Faut-il conclure que « l’homme imite l’homme » ? Faut croire !

Revenant au Temps des Fêtes qui est un moment important. Une bonne règle, donc, voudrait que chacun soit bon prophète ces jours-là, que chacun hisse les couleurs de l’amitié.

Il y a plus : une joie réelle affichée sur le visage de l’autre est bonne pour tous et encore mieux, si elle provient de gens que je connais à peine. Car, dit Alain, « alors, je ne discute pas les signes, je les prends comme ils sont, et c’est le mieux ».

Il est profondément vrai qu’un signe de joie dispose à la joie celui qui le lance. D’autant que par l’imitation, ces signes sont renvoyés sans fin.

Ce temps des Fêtes nous sera bon, qu’on le veuille ou pas. Mais si nous le voulons, si nous retournons de toutes les façons cette grande fête de l’Amour, alors les Fêtes, comme on dit, seront vraiment bonnes pour nous. Pour tous et chacun de nous.

Et par ce bonheur souhaité, nous serons nous-mêmes, dit encore mon bon Alain, heureux tout de suite.

C’est ce que je vous souhaite ! !

Joyeux, heureux, Noël 2023 !