© Pierre-Emmanuel Malissin et Frédéric Valdes, Détail (Christ) de l’Antependium de Bâle (avant 1024, bois recouvert d’or, pierres précieuses et perles), hôtel de Cluny Paris musée national du Moyen âge http://www.galerie.roi-president.com
26 novembre 2023 Jésus le Christ, Roi de l’univers, année A – Mt 25, 31-46
Lectures de ce jour
Nous sommes arrivés au dernier dimanche de l’année liturgique. Depuis la réforme liturgique de Paul VI, c’est la fête du Christ-Roi, autrefois célébrée le dernier dimanche d’octobre. Chaque année liturgique présente un texte d’évangile différent : l’année B raconte le dialogue de Jésus avec Pilate, « Es-tu le roi des Juifs ? », alors que l’année C montre Jésus sur la croix et le bon larron lui demandant, « Souviens-toi de moi dans ton Royaume. »
Cette année, l’année A, nous lisons le très beau texte du jugement dernier dans l’évangile de Matthieu, au chapitre 25. Cette grande fresque est sans doute le plus beau résumé de tout l’évangile. Une série de paraboles avait montré comment se préparer à la rencontre du Sauveur. L’évangéliste dévoile maintenant le contenue de la vigilance qui était demandée. Il doit y avoir correspondance entre ce que l’on dit et ce que l’on fait.
C’est pourquoi, lorsque j’ai nourri celui qui avait faim, abreuvé celui qui avait soif, accueilli l’étranger, vêtu celui qui était nu, visité le malade et le prisonnier, c’est à Jésus lui-même que j’ai rendu le service de charité fraternelle ou que je ne l’ai pas fait. Jésus n’invente pas cette liste d’actions charitables; elle faisait partie de la tradition juive dont il est l’héritier. Mais il en fait le critère pour discerner celui qui est juste, béni de Dieu. Le commandement de l’amour donné lors du dernier repas avec ses disciples prend toute sa signification : « Ce que vous avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait. »
Il vous est peut-être arrivé la même expérience qu’à moi, rencontrant un mendiant dans la rue qui vous tend la main pour un peu d’argent ou de nourriture, et vous faites semblant de ne pas le voir et regardez dans l’autre direction. Vous avez peut-être pensé : « Si je lui donne quelque chose aujourd’hui, il sera encore là demain, l’an prochain, et rien n’aura changé dans sa vie. » Ou bien quelqu’un sonne à votre porte, l’air désemparé et demandant de l’aide; vous l’ignorez et trouvez une bonne excuse. Puis vous vous sentez mal à l’aise et coupable devant l’exigence d’être charitable envers le pauvre.
Oui, comment exercer la charité intelligemment lorsque quelqu’un frappe à la porte de votre cœur ? Comment lui montrer un respect et un amour sincères ? Je pense qu’en premier il faut reconnaître ce pauvre comme un être humain fait à l’image de Dieu. L’aider, c’est lui redonner sa dignité de personne humaine. Et ainsi, non seulement vous êtes bien avec vous-mêmes si vous l’aidez, mais souvent vous recevez plus que ce que vous avez donné. C’est gagnant-gagnant !
Vivre l’évangile au quotidien, c’est tout un défi. Mais si nous ne mettons pas l’amour du prochain au cœur de notre vie chrétienne, nous aurons beau avoir toutes sortes de dévotions et prier de longues heures, nous aurons manqué l’essentiel. À travers les siècles, les chrétiens ont fait face au même défi que nous et il y a quantité d’exemples héroïques de saints inconnus qui prouvent que de prendre au sérieux le commandement de l’amour en vaut toujours la peine. Il suffit d’ouvrir son cœur à la grâce de Dieu et laisser son amour habiter notre quotidien.
P. Gilles Blouin, assomptionniste
Heureux, vous les pauvres…., vous qui avez faim, … vous qui pleurez…