L’horreur a frappé une petite ville paisible de la vallée de la Matapédia : un camion-bélier fonce sur un trottoir et fauche la vie de deux personnes et blesse neuf autres passants, dont deux enfants en bas âge. Consternation, stupeur mais aussi élan de solidarité et de compassion. Amqui est sous le choc et essaie de comprendre. On s’habitue à voir la violence s’installer ailleurs mais lorsqu’elle frappe tout proche, bien des questions surgissent et nous ébranlent.
Serait-ce la santé mentale qui est en cause depuis que la pandémie a chamboulé notre quotidien? Ou bien l’inadaptation au bouleversement d’une activité humaine qui change à grande vitesse? A vrai dire, l’abondance des informations pénibles qui traversent nos écrans jour après jour déstabilise, nous fait perdre les repères qui nous sécurisaient. L’insécurité peut nous envahir et l’impuissance devant de tels événements souffler toutes nos énergies.
Je me suis rappelé Lac Mégantic, une catastrophe bien pire, et comment des gens du milieu se sont pris en mains pour rebâtir l’avenir. Il est des personnes qui puisent à même les émotions du moment les ressources nécessaires pour transformer une situation désespérée en occasion de solidarité : grandir après la perte. Nous avons vu de telles personnes dans les rues d’Amqui où tout le monde se connait. Ces gens ont fait l’impossible pour offrir un peu d’espoir et de consolation. Cela a valu bien plus que la multitude de journalistes venus couvrir le drame.
Ne fallait-il pas éviter de laisser cours aux émotions négatives qui peuvent faire ressortir ce qu’il y a de pire en nous : la panique, la vengeance, la peur, la haine? Au contraire, le courage, la compassion, la solidarité ont bien meilleur goût, peut-être un goût d’évangile. Notre prière pour les familles éplorées sera un baume précieux, une semence de paix pour leurs cœurs endoloris.
Père Gilles Blouin, assomptionniste et éditorialiste au Montmartre
Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu