19 février 2023 7e dimanche du temps ordinaire, année A – Mt 5, 38-48
L’évangile de ce dimanche nous invite à devenir et être saints et saintes, parfaits et parfaites, ce qui est très différent de la préoccupation, voire l’obsession de notre société et nos cultures d’être perfectionnistes. Pour cela nous sommes invités à faire trois mouvements qui ne font pas beaucoup de bruit, mais qui font beaucoup de bien.
Le premier mouvement est celui de nous préciser ce qu’on dit exactement quand dans la Bible on utilise le mot « la sainteté » ou « la perfection ». Ces deux mots tout simplement définissent l’être de Dieu. Comme nous le dit si bien la première lettre de saint Jean : « Dieu est Amour ». Alors si nous comprenons que Dieu est Amour, il en découle qu’être saints et saintes, parfaits et parfaites, c’est de vivre de cet amour de Dieu, et d’aimer de toute notre âme, de toute notre force, de tout notre cœur. Cheminer sur le chemin de la Sainteté et de la Perfection, ce n’est pas devenir les perfectionnistes incarnés, mais tout simplement des êtres humains qui essayer d’aimer chaque jour un peu plus.
C’est alors que nous sommes appelés à faire le deuxième mouvement. Ce mouvement est d’une simplicité et aussi d’une complexité remarquables. Il nous faut prendre conscience du fait fréquent de l’étroitesse de notre cœur, de l’étroitesse qui nous empêche d’aimer Dieu, notre prochain, et en plusieurs circonstances, même de nous aimer nous-mêmes. Assez souvent, cette étroitesse se manifeste tout en ayant de belles apparences – parfois même des apparences de justice – dans la haine, dans la colère, dans la vengeance, dans la rancune. Cette étroitesse n’est pas originel pour l’être humain, ni d’ailleurs original. Ce qu’est originel et original pour l’être humain, pour chacun et chacune d’entre nous, c’est de nous reconnaître, comme le rappelle saint Paul, « le sanctuaire de Dieu, où l’Esprit Saint fait sa demeure. »
Et nous sommes invités à prendre soin de ce sanctuaire de la présence de Dieu. C’est le troisième mouvement auquel nous sommes invités. Nous sommes appelés, comme le dit si bien le livre du prophète Isaïe : « Élargir l’espace de ta tente, déployer sans hésiter la toile de notre demeure. » Il s’agit bien de l’élargissement de l’espace de notre cœur, de l’espace de l’amour dans notre vie : de l’amour pour Dieu, pour notre prochain et pour nous-mêmes. Pour cela il ne s’agit pas seulement d’être juste uniquement. Il s’agit d’être généreux, bienveillant, prévenant, attentif, bref, il s’agit d’être aimant en oubliant toute mesure de l’amour. C’est peut-être cette générosité et ce débordement du cœur que Saint Paul dans sa première lettre aux Corinthiens appelle la folie aux yeux du monde, mais la sagesse aux yeux de Dieu.
En suivant cet élargissement de notre être, de la demeure de l’Esprit, les chemins s’ouvrent dans nos cœurs. Ce sont les chemins de la bénédiction, du pardon, de la tendresse et de la miséricorde. On découvre alors que la sainteté et la perfection c’est l’immersion dans les véritables profondeurs de notre humanité. Devenir pleinement humain ! Voici le désir et l’appel que Dieu nous lance en Jésus-Christ.
Édouard Shatov, assomptionniste