15 janvier 2023 2e dimanche du temps ordinaire, année A – Is 49, 3.5-6
Cette semaine, à partir de mercredi prochain, nous entrerons dans la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Quand cette semaine de prière pour l’unité a été initiée, il y a quelques décennies, ce fut une avancée considérable vers l’unité, car les chrétiens étaient et sont encore divisés. Pendant des siècles, ils se sont même combattus jusqu’à verser du sang.
La semaine de l’unité avec des célébrations dites œcuméniques sont en ce sens un progrès considérable vers la cohabitation harmonieuse des chrétiens. Mais malgré ce progrès, l’actualité montre que les divisions existent toujours. Même à l’intérieur de notre Église catholique, elles sont bien réelles. Division entre les membres du clergé, division dans les communautés chrétiennes où le dialogue est parfois difficile et où le progressiste comme le traditionnaliste, l’un comme l’autre sont parfois d’une intolérance totale. Or, quand par exemple Jésus dit dans les évangiles qu’un royaume divisé contre lui-même ne peut pas tenir, il rappelle une grande loi de la vie en société : la nécessité de l’unité pour qu’une communauté parvienne à ses fins.
La première lecture de ce dimanche nous parle de rassemblement. Elle est tirée du livre de la consolation d’Israël que constituent les chapitres 40 à 55 du livre d’Isaïe. Le livre a été composé pendant l’exil à Babylone. Le peuple de Dieu est alors dispersé. Nabuchodonosor a voulu explicitement briser la personnalité du peuple, sa force et son unité. Le temple de Jérusalem, symbole de la cohésion, a été détruit de fond à comble. Les fils d’Israël ont été clairsemés tout autour de Babylone afin de hâter leur assimilation. L’unité était perdue!
Qui pour restaurer cette unité ? La lecture répond à cette question en évoquant la figure du serviteur. C’est lui qui sera le grand rassembleur de l’humanité dispersée. Il a été depuis toujours choisi par le seigneur pour ramener dans l’unité les enfants dispersés d’Israël. S’il doit y avoir un retour à Jérusalem, c’est lui qui le fera.
Qui est ce serviteur ? Il est le plus fidèle des enfants d’Israël, celui qui résume en lui tout Israël : Le Messie. Dans l’évangile, ce serviteur est comparé à un agneau, dont on souligne l’innocence et l’humble acceptation devant un traitement cruel. Il porte sur lui le péché des multitudes pour l’expier dans la souffrance et la mort.
Quel est ce péché qu’il enlève ? Ce péché renvoie au livre de la Genèse où Dieu avait tout donné à l’être humain. Tout était bien entre Dieu et l’humain jusqu’à ce qu’à l’initiative du diviseur (le diable), une défiance s’est introduite entre Dieu et l’humain. À partir de là, un lien a été rompu entre Dieu et l’humain. La division s’est installée. Ce serviteur est celui qui vient réconcilier l’humain avec son créateur et par là, les humains entre eux. Il n’est pas donné seulement à Israël. Il est la lumière des nations pour que la réconciliation atteigne aux extrémités de la terre.
Je termine en soulignant qu’il est intéressant de remarquer que déjà l’Ancien Testament voyait plus loin qu’Israël. On retrouve dans des textes bibliques un intense courant universaliste qui vient corriger les tendances plus étroites et nettement dépassées de certains juifs trop nationalistes ou presque racistes. Pour moi, la semaine de prière pour l’unité des chrétiens vient rappeler que l’ère des monopoles, de l’isolement, des anathèmes et de la fermeture aux autres est dépassée. En même temps, il est important de souligner que cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens ne peut pas se contenter d’être une affaire intérieure des Églises chrétiennes. Notre recherche de l’unité doit s’inscrire au sein de l’immense espoir de tous les humains : le vivre ensemble.
Jean Bosco Kanyama, assomptionniste