1 janvier 2023 Sainte Marie, Mère de Dieu – Lc 2, 16-21
« Marie… retenait tous ces événements et les méditait dans son cœur ! »
2022 n’est plus. Année marquée de faits perturbants et inquiétants : guerre en Ukraine ; vagues successives du covid ; scandales dans notre Église ; dérèglements climatiques, ici et ailleurs ; violence dans nos villes ; crise économique ! Notre réflexe spontané : oublier au plus vite et espérer le meilleur en 2023.
Marie peut nous inspirer. Elle était consciente de tenir tout de Dieu et que sa vie allait servir à l’établissement du Royaume. Comment ? Elle l’a découvert peu à peu dans le déroulement des événements qui ont ponctué son existence.
Marie a cherché à comprendre la signification de tout ce qui la concernait. Ses rêves de jeune femme ont été rapidement contrariés. L’ange Gabriel avait déclaré, en parlant de l’enfant : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. »
Or, le voyage à Bethléem, le manque de place dans la salle commune et l’accouchement dans une étable en plein hiver, ne correspondaient sûrement pas à l’environnement qu’elle avait imaginé pour celui qui occuperait le « trône de David ». La fuite en Égypte n’annonçait pas non plus la venue d’un libérateur.
En questionnant le sens des événements Marie découvre peu à peu la mission de son Fils et son propre rôle dans le projet de Dieu. Des questions, elle a dû s’en poser jusqu’au pied de la croix. À travers cela, elle découvre peu à peu un autre visage de Dieu, celui d’un Dieu faible et pauvre. Sa confiance en Dieu lui a permis d’affronter des événements déstabilisants et déroutants et d’en découvrir le sens caché.
Et nous ? Les années filent, sans que nous puissions les retenir. Le passé ne revient pas et nous ne pouvons le changer. Toutefois, le regard que nous posons sur les situations d’hier cache souvent d’importantes révélations sur soi, sur les autres et sur Dieu.
Trop souvent, nous vivons avec une conscience « téfal ». Rien ne colle, ni les grandes joies, ni les peines. Rien ne germe. Stérilité de réflexion. Succession insignifiante d’événements disparates. Des vies à la remorque des instants qui s’écoulent, se contentant de satisfactions immédiates et passagères. Ce danger, terrible, nous guette.
Pour découvrir le sens de ce qui nous arrive, nous devons prendre le temps de « relire » les événements « dans notre cœur ». Essentiel pour décrypter ce qu’ils nous disent sur les autres, sur nous-mêmes et, comme ce fut le cas pour Marie, ce qu’ils nous révèlent de Dieu.
Que retenir de 2022 ? Nous plaindre de ce qui nous a contrarié ? Être obnubilé par ce qui va mal ? Il y a mieux à faire.
Chacune et chacun peut et doit prendre un temps d’arrêt pour « méditer dans son cœur » ce qu’il a vécu. Il ne s’agit pas d’un exercice de mémoire. En méditant « ces choses dans son cœur » Marie découvrait comment les événements de joie ou de souffrance la rapprochaient du Seigneur. Méditer sur les événements c’est observer comment ils affectent mon cœur, ma capacité de servir et d’aimer les autres, ma disponibilité aux appels du Seigneur.
Rendons grâce pour l’année dernière et pour la nouvelle année qui débute. Usons de ce temps précieux pour grandir en humanité et pour faire découvrir à ceux et celles qui nous entourent qu’ils sont également Fils et filles de Dieu, héritiers du Royaume avec le Christ. Les événements du monde, quels qu’ils soient, ne peuvent appauvrir cet héritage.
Marcel Poirier, a. a.