18 septembre 2022 25e dimanche du temps ordinaire, année C – Luc 16, 1-13
Dans le chapitre 16 de son Évangile, Luc nous présente Jésus qui dresse toute une série d’oppositions pour nous faire réfléchir sur la question : « Où se trouvent véritablement nos sécurités et nos priorités dans nos vies, et où ultimement se repèrent les chemins de vie ? »
Croire à l’Amour
Tout d’abord, remarquons que Jésus nous rappelle que dans notre vie nous sommes les gérants du plan de Dieu. Il est bon de se poser la question : « Le plan de Dieu, c’est quoi ? » Dans sa lettre à Timothée, saint Paul nous le dit d’une manière lumineuse et limpide : « Dieu, notre Sauveur veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité ». Cette phrase est au centre de ce texte, mais elle est aussi au centre de la pensée de Paul, et surtout elle est le centre, la chose la plus importante de l’histoire de l’humanité : « Dieu, notre Sauveur, veut que tous les hommes soient sauvés ». Tous les mots comptent : « Dieu veut » : c’est le mystère de sa volonté, ce « dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement ». La volonté de Dieu est une volonté de salut, et cette volonté de Dieu concerne tous les êtres humains. Le Christ est venu pour annoncer en paroles et en actes l’amour de Dieu pour tous les êtres humains. Croire à cet amour, vivre de cet amour, c’est être sauvé.
Donner la Direction
Toutefois, assez souvent, nous plaçons notre foi et notre confiance dans des sécurités bien tangibles et bien visibles, à savoir, nous plaçons notre confiance dans l’argent. C’est bien là le point à faire attention. L’Argent se révèle trompeur de deux manières : d’abord, il nous fait croire qu’il nous assurera le bonheur, mais viendra bien un jour, pourtant, où il nous faudra tout laisser. Dans la phrase de Jésus « Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que le jour où il ne sera plus là… », la formule « il ne sera plus là » est une allusion à la mort. Ensuite, l’Argent nous trompe quand nous croyons qu’il nous appartient à nous tout seuls. Jésus ne nous pousse pas à mépriser l’argent, mais à le mettre au service du Royaume, c’est-à-dire des autres. Les richesses méritent bien leur nom et il serait stupide et hypocrite de les ignorer et mépriser. Mais nous n’en sommes pas propriétaires pour notre seul usage égoïste, nous en sommes intendants. C’est pour cela que Jésus parle de « bien étranger », c’est parce qu’il ne nous appartient pas. Il est bien vrai « qu’on peut être le plus riche du cimetière », mais peut-être qu’il y a un intérêt plus grand à être riche pour en faire profiter les autres.
Prendre les Moyens
Jésus fait découvrir à ses disciples, donc à nous, que pour vivre une vie heureuse et pleine de sens il ne suffit pas de « faire de l’argent » à tout prix en oubliant la solidarité et la justice. Dans la parabole que Jésus raconte pourquoi y a-t-il une louange déconcertante de l’intendant malhonnête ? Ce que nous sommes invités à comprendre c’est que l’intendant menacé de licenciement fait une dernière fois des cadeaux avec l’argent de son patron pour se faire des amis qui le lui rendront. Il est parfaitement malhonnête ; mais il a su trouver très vite une solution astucieuse pour assurer son avenir. Et l’astuce, ici, consiste à utiliser pour une fois l’Argent comme un moyen et non comme un but. Ce n’est pas la malhonnêteté que Jésus admire, c’est l’habileté : qu’est-ce que nous attendons pour trouver des solutions astucieuses pour assurer l’avenir de tous ? Nous sommes invités à consacrer autant de temps et de matière grise à inventer des solutions de paix, de justice et de partage qu’à gagner de l’argent au-delà du nécessaire, et la face du monde sera changée.
Au fond l’histoire pourrait s’écrire ainsi : choisissez Dieu, résolument, et mettez au service du Royaume, c’est-à-dire au service de l’Amour et de la Justice, l’habileté que vous mettriez à faire de l’argent. Alors, les voies de la vie s’ouvriront, la paix germera et le monde sera transfiguré dès aujourd’hui !
Édouard Shatov, assomptionniste