26 juin 2022 13e dimanche du temps ordinaire, année C – Luc 9, 51-62
Lectures de ce jour
On raconte qu’à Éphèse, alors que l’apôtre Jean avançait en âge, les frères l’amenaient à l’assemblée en le portant. Durant ces réunions, il répétait inlassablement : « Mes fils, aimez-vous les uns les autres. » un jour, l’un des jeunes se plaignit auprès de lui en ces termes : « Jean, pourquoi parles-tu toujours et uniquement de l’amour ? » Et lui, qui s’était penché jadis sur le sein du Maître et avait entendu battre le cœur de Dieu, lui répondit : « parce qu’il n’y a rien d’autre que l’amour. »
L’amour est la voie royale qui conduit à Dieu. Non pas l’amour fait seulement des paroles, car il existe ce que Charles Dickens appelait la « philanthropie télescopique » consistant à aimer uniquement le prochain lointain et à ne pas supporter le prochain réellement proche. C’est l’amour qui conduit silencieusement mais résolument à Dieu, l’amour que le cœur discerne dans la limpidité d’une conscience pure, qui vit dans une fidélité quotidienne, dans la grâce du présent.
Maurice Blondel appelle cette fidélité « la pratique de la lettre », une lettre qui conduit à l’esprit, et qui le contient même déjà. Elle ne consiste pas à faire toutes sortes de biens, mais à bien faire ce qu’en conscience nous découvrons comme le bien qui nous incombe ici et maintenant. Blondel invite à vivre la réalité finie et le présent avec l’ampleur de notre Désir infini. Le secret consiste à être fidèle dans le quotidien ordinaire et à faire les petites choses avec un grand amour (Thérèse de Lisieux).
S’engager dans un amour concret ne signifie pas obscurcir le rôle de Dieu, mais mettre à profit le talent offert par grâce. C’est la synergie entre Dieu et l’homme qu’Ignace de Loyola résume de la manière suivante : « Prie comme si tout dépendait de Dieu, agis comme si tout dépendait de toi. » Ora et labora : « Prie et travaille. » Cette fidélité concrète est une aide à la foi. Sans ses œuvres accomplies avec amour, la foi meurt.
« Nous croyons parce que nous aimons » (John Henry Newman). Celui qui aime a les yeux de la foi. Dans un très beau passage du roman les frères Karamozov, Dostoievski évoque la perplexité d’une femme tourmentée par le doute et par son incapacité à ressentir la foi. Le Staretz Zossima lui indique un possible moyen pour se convaincre : « Par l’expérience de l’amour agissant. Tachez d’aimer vos semblables activement et sans relâche. À mesure de vos progrès dans l’amour, vous vous convaincrez aussi de l’existence de Dieu…et si vous allez jusqu’à l’oubli total de vous-même dans l’amour du prochain, alors vous croirez à coup sûr et aucun doute ne pourra pénétrer dans votre âme. C’est éprouvé, c’est sûr. »
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Extrait de Robert Cheaib, Un Dieu humain. Premier pas dans la foi chrétienne, 2020.
Proposition de Jean Bosco Kanyama, assomptionniste