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« CŒUR ET BOUCHE ET ACTION ET VIE »

« Heureux que je suis … » – « Wohl mir, dass ich » – chante la cantate de J.B. Bach BWV 147 « Cœur et bouche et action et Vie ».

La recherche de la joie et du bonheur est le moteur de la vie humaine. En ce temps de pandémie, cette attention au bonheur, au fait d’être heureux, est vécue d’une manière plus accentuée qu’auparavant, me semble-t-il. Je ne pense pas errer en disant : « Tout le monde cherche le bonheur ! Tout le monde veut être heureux ! » Cependant, dans la vie de tous les jours, ce bonheur parfait, cette béatitude accomplie nous échappe. Nous sommes confrontés à nos fragilités, à nos égarements. Le bonheur, alors, nous semble inatteignable, et même complètement farfelu.

On se reprend, alors, et on se lance dans une nouvelle quête du bonheur. On cherche dans notre intelligence et dans les livres. Peut-être trouvera-t-on quelques issues ??? Certains se tournent vers toutes sortes de gourous qui prétendent procurer le bonheur en dix séances et à peu de frais. Il ne faut surtout pas que cela prenne trop de temps…. Les manuels d’acquisitions du bonheur affluent dans les librairies et dans les formats électroniques. Dans ce commerce du bonheur, on veut obtenir le plus possible et à moins de frais possible. On en arrive même à s’imaginer que le bonheur et la joie peuvent se vendre ou s’acheter, qu’on peut posséder un « petit bonheur » et « une petite joie », comme une rareté.

Faut-il s’étonner qu’avec toutes ces recettes on devienne de plus en plus malheureux et tristes ? Les frustrations nous rongent et on cherche les coupables de cet état pitoyable dans lequel nous nous retrouvons. Nous blâmons le monde entier : l’insomnie, la politique, la pandémie, la religion, etc. Bref, on cherche des boucs émissaires. On les cherche à l’extérieur de soi. ET c’est là que la cantate de Bach nous interpelle et nous redit que le bonheur vient de l’intérieur. Le bonheur et la joie ne s’achètent pas mais se reçoivent. La cantate de Bach chante: « Heureux que je suis, moi qui ai Jésus, ô, comme fermement je me cramponne à Lui, pour qu’il réjouisse mon cœur, quand je suis malade et triste. J’ai Jésus, qui m’aime et qui se donne à moi comme miens ; Ah, donc je ne quitterai pas Jésus, même si mon cœur se brise ».

Ce sont des paroles étonnantes. Elles nous rappellent les paroles de Jésus dans l’Évangile de Jean : « Je vous donne la joie, la joie que personne ne peut ravir ». Ce bonheur passe par une relation avec Jésus et avec mon prochain qui est « l’image, la ressemblance de Dieu », mon frère et ma sœur, laïcs, prêtre, religieux ou religieuses, tous et toutes sont des amis de Jésus. Si nous regardons l’autre, hélas autrement, il n’est pas surprenant de sombrer dans des abîmes de frustrations et, ultimement, dans le malheur. La cantate de J. S. Bach nous invite à renouveler notre cœur. Alors, le mouvement du cœur irriguera notre bouche, notre action et toute notre vie. « C’est Dieu qui, puissamment, vous donnera la force et éveillera la puissance de l’Esprit en vous, oui, posez remerciements et louanges sur vos langues ». Comme jamais, puissions-nous apprendre à dire une parole bonne et bienveillante. Pas seulement juste et franche – cela est nécessaire – mais une parole bonne et bienveillante.

Bach me révèle un secret relatif au bonheur. Le secret du bonheur c’est de rencontrer le visage inattendu de Jésus et de mon prochain qui est l’image de Dieu. Mon prochain n’est pas un objet à refaire et à remodeler. Cela je peux le faire avec moi-même, et ce remodelage interne s’appelle la conversion. Le remodelage de l’autre, sans demander son avis, seulement « en raison de mes bonnes intentions », n’est que de la violence justifiée, mais non justifiable.

J.S. Bach affirme que l’autre doit d’abord tout simplement être accueilli. Et la cantate chante : « Jésus, ma joie qui demeure, le réconfort et la sève de mon cœur. Jésus réduit le chagrin. Il est la force de ma vie, le délice et le soleil de mes yeux, le trésor et la félicité de mon âme : Donc, je ne laisserai pas Jésus loin de mon cœur et de ma vie. »

Je souhaite à chacun et chacune d’entre nous d’accueillir Jésus au plus profond du cœur, et aussi d’accueillir « l’autre » tel qu’il se présente à notre porte, avec les mêmes attitudes que chante la cantate de Bach. Pour nous en inspirer, je vous propose de réécouter cette œuvre magnifique, une œuvre qui met en mouvement de la vie et de la joie notre cœur, notre bouche, notre action et enfin toute notre vie.

Bonne semaine à toutes et à tous.

Édouard Shatov