30 janvier 2022 4e dimanche du temps ordinaire, année C – Luc 4, 21-30
Lectures de ce jour
Le texte d’évangile que nous venons d’entendre est la suite du récit commencé la semaine dernière. Vous vous souviendrez que, dès le début de son ministère, Jésus était venu dans le village de Nazareth où il avait grandi et, comme d’habitude le jour du sabbat, il était allé à la synagogue. Pour son retour, on lui avait fait l’honneur de faire la lecture. Jésus avait choisi de lire un extrait du prophète Isaïe : ‘L’Esprit du Seigneur est sur moi parce qu’il m’a consacré par l‘onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, annoncer aux prisonniers qu’ils sont libres et aux aveugles qu’ils verront la lumière, apporter aux opprimés la libération, annoncer une année de bienfaits accordée par le Seigneur.’ (Isaïe 61)
On voit souvent Jésus dans les évangiles participer au culte synagogal où il enseigne et c’est aussi là qu’il rencontre l’opposition des scribes et des pharisiens en raison de son interprétation plus libérale de la Loi de Moïse et des règles régissant le sabbat. Mais peu souvent on nous donne le contenu de son enseignement.
Par contre, ici à Nazareth, Jésus commente pour ses concitoyens le sens du texte qu’il vient de lire. « Aujourd’hui cet écriture se réalise pour vous qui l’entendez. » Cet AUJOURD’HUI est important : la prophétie d’Isaïe est désormais à l’œuvre, c’est lui qu’elle annonçait.
J’ai repéré dans la Bible 45 fois où ce mot ‘aujourd’hui’ est employé, parfois de manière très significative. J’en cite quelques unes : au Ps 94, nous lisons : ‘Aujourd’hui, si vous entendez ma voix, ne fermez pas votre cœur.’ La vocation de Jérémie : ‘Aujourd’hui, je te donne le pouvoir sur les nations.’ Les anges annoncent aux bergers : ‘Aujourd’hui, un sauveur vous est né.’ Le Notre Père : ‘Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.’ Chez Zachée de Jéricho : ‘Aujourd’hui le salut est venu dans cette maison.’ A Pierre au cours du dernier repas : ‘Aujourd’hui, avant que le coq n’ait chanté, tu m’auras renié trois fois.’ Enfin, au bon larron crucifié avec lui, Jésus dit : ‘Aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis.’
L’aujourd’hui de la synagogue de Nazareth, c’est le moment où s’accomplit la promesse d’un messie porteur de salut. Jésus donne en quelque sorte son programme de mission : il va guérir les aveugles, les muets, les estropiés, délivrer les prisonniers et les possédés, annoncer la bonne nouvelle aux gens simples. C’est ce qu’il fera pendant trois ans autour du lac de Galilée. Ce sont les signes qui annoncent la venue du messie de Dieu.
Les gens de Nazareth vont passer par toute une gamme d’émotions : ils sont tout d’abord admiratifs de la parole d’autorité qui sort de la bouche de l’un des leurs, puis ils deviennent sceptiques : ‘N’est-il pas le fils du charpentier du village?’,(Matthieu emploi l’expression ‘ils étaient choqués à son sujet’ tandis que Marc écrit: ‘de nombreux auditeurs étaient renversés’ et puis ils deviennent jaloux des prodiges qu’il a opérés à Capernaüm, enfin ils passent à la colère et au rejet lorsqu’ils veulent précipiter Jésus du haut de la colline. Mais son heure n’est pas venue ; il devra mourir à Jérusalem comme tous les prophètes avant lui. (13, 33)
Vous avez peut-être noté l’expression : ‘il entra dans leur synagogue’. Pourquoi leur synagogue ? C’est que lorsque Luc écrit son évangile, vers l’an 85, la rupture avec le judaïsme officiel est déjà consommée et les judéo-chrétiens sont exclus de la synagogue. À Nazareth, une nouveauté avait fait irruption. Les gens allaient-ils l’accepter ? Certes, ils sont admiratifs mais ils doutent de lui, ne le reconnaissent pas comme le prophète annoncé dans la citation d’Isaïe.
Jésus leur donne deux exemples de prodiges dans la littérature prophétique de gestes merveilleux produits à l’extérieur des frontières d’Israël : la veuve de Sarepta près de Sidon et le lépreux syrien Naaman. Il montre ainsi que la bonne nouvelle s’dressera aussi aux nations païennes, ce qui est inacceptable pour ces Juifs et provoque son rejet : ‘nul prophète n’est bien accueilli dans sa patrie’.
À l’évidence, Jésus n’est pas le genre de messie que son peuple attendait. Et nous, quel est le sauveur que nous attendons ? Sommes-nous même certains que nous avons besoin d’un sauveur ? Ne soyons pas aveugles et reconnaissons que bien des coins de notre cœur ont besoin de guérison et que sans Dieu notre monde va à sa perte. Soyons reconnaissants envers ce Dieu qui, par delà nos faiblesses, nous poursuit de sa tendresse et de son amour. Sachons reconnaître l’aujourd’hui de Dieu dans nos vies. AMEN
Gilles Blouin, assomptionniste
« Croire à l’Impossible ! »